Ndjerane Djormadji, 2013, "Rites et pouvoir au Tchad de 1972 à 2012" (Thèse de Master en histoire en histoire, Université de Ngaoundéré)
Résumé.
La présente étude entend appréhender la dynamique politique du Tchad à partir des éléments immatériels que sont les rites de 1972-2012. A partir des sources et traditions orales ainsi que les sources écrites, il est question d'analyser dans la perspective historique la trajectoire des rapports des rites initiatiques (yondo et excision) au pouvoir en contexte tchadien. En effet, une décennie après l'indépendance, Ngarta Tombalbaye, président de la République du Tchad, après avoir dissout tous les partis politiques dans son Etat, crée le Mouvement National pour la Révolution culturelle et Social (MNRCS) et institue les rites d'initiation comme modalité d'exercice du pouvoir. Ainsi, tous les ministres de son gouvernement et des fonctionnaires sont forcés de retourner dans les villages pour se faire initier. L'imposition fut l'objet de plusieurs répressions tant dans la classe politique que dans les milieux religieux. Nombreux sont les opposants politiques qui ont été contraints de s'exiler, tandis que d'autres sont physiquement éliminés par le régime en place. L'un des moments forts de cette forme d'autoritarisme est la persécution des autorités ecclésiastiques. Les pasteurs, les diacres et les fidèles chrétiens qui rejettent l'idéologie du retour aux sources authentiques prônée par le président sont dans leur majorité torturés, pendus et enterrés vivants dans les camps initiatiques. Toutes ces actions ont entrainé le mécontentement des citoyens Tchadiens, surtout ceux du Nord du Pays, c'est ainsi qu'on assiste à la création des mouvements rebelles visant à renverser le pouvoir en place. La mort de Ngarta Tombalbaye en 1975 suite d'un coup d'Etat ne met pas la fin à l'implication des rites dans le jeu politique. La prise du pouvoir de Malloum et d'Hissein Habré a rendu libre la pratique de l'initiation dans l'optique de préserver leurs pouvoirs. Mais l'arrivée à la tête du pouvoir d'Idriss Deby Itno en 1990 marque une nouvelle dynamique des rites au sein du gouvernement tchadien. Les autorités politiques se préoccupent désormais sur la de la lutte contre la pratique de l'initiation féminine (excision), qui est qualifiée d'une pratique portant atteinte à la santé de la reproduction de la femme. Bien que l'excision soit une affaire familiale entre la jeune fille et ses parents, l'actuel gouvernement met tout en œuvre pour l'adoption d'une forme d'éducation traditionnelle féminine qui respecte les droits de l'homme.
Mots clés : rites, pouvoir, yondo, excision, Tchad.
A découvrir aussi
- Paul Landry AFFA, 2013, "Élite locale et question du développement au Cameroun. Le cas de l’Adamaoua de 1982 à nos jours" (Thèse de Master en histoire, Université de Ngaoundéré)
- Anye Amandine Ngum, 2013, "Gender and politics: women in the struggle for independence and reunification in the Bamenda grassfields 1958-2011" (Master Thesis in history, University of Ngaoundere)
- Baskouda Shelley Simon, 2013, "Minorités sociopolitiques en postcolonie : réflexion sur l'imagination et les formes d'expression du politique à Tokombéré (1960-2011)" (These de Master en histoire, Université de Ngaoundéré)