Appel à contribution pour ouvrage collectif: Mobilisations civiles contre le politique Approche contemporaine des mutations politiques et de l’instabilité en Afrique et au Moyen-Orient
Mobilisations civiles contre le politique
Approche contemporaine des mutations politiques et de l’instabilité en Afrique et au Moyen-Orient
Les derniers mouvements sociopolitiques observés en Côte-d’Ivoire ou au Burkina-Faso ainsi que les révoltes qui agitent les pays arabes, provoquant parfois la chute de régimes autoritaires accusés de corruption et de kleptocratie sont l’expression de profondes mutations politiques. Face à l’inefficacité des modes habituels de participation politique (cf. Eyebiyi, 2010), les populations ont apparemment opté pour des modes de protestation se démarquant à la fois des formes souterraines d’expression politique et des moyens clandestins de participation politique (Taguem, 2001). Elles semblent pour ainsi dire privilégier des modes d’action non conventionnels légitimées par une reconnaissance internationale élaborée notamment, via les « réseaux sociaux », et publicisée à visage découvert, généralement à mains nues face aux machines répressives des appareils d’État.
Dès fin 2010 en Tunisie avec l’immolation de Mohammed Bouazizi qui déboucha sur la fuite du président Ben Ali le 14 janvier 2011, une série de mouvements protestataires vont se développer. Même si les explications basées sur le mimétisme, l’effet-domino ou encore la contagion semblent n’avoir qu’une portée explicative limitée, force est de constater la multiplication et l’extension des actions protestataires dans les pays voisins d’Afrique du Nord (Égypte, Algérie, Maroc, etc.) et dans les autres pays arabes (Syrie, Bahreïn, Yémen, Sultanat d’Oman, etc.). Le principal moyen catalyseur de ces dynamiques protestataires a été le rôle majeur des « réseaux sociaux », notamment Facebook et Twitter. Face à la constitution de pouvoirs dynastiques, les acteurs des protestations ont recouru à la rhétorique d’une violence non armée, avec la rue comme principal cadre d’expression politique de revendications formulées via lesdits « réseaux sociaux ». Ceci avec des héros aux mains nues tels que Mohammed Bouazizi ou et le rappeur El General en Tunisie, Oussama el-Khlifi au Maroc ou encore le cyberdissident Wael Ghonim en Egypte.
L’acte deux de ces dynamiques protestataires semble débuter avec l’embrasement de la Cyrénaïque par une rébellion armée décidée à renverser le guide libyen Mouammar Kadhafi au pouvoir depuis une quarantaine d’années. Après un relatif effacement des puissances occidentales, une coalition internationale s’est constituée, conduite par la France et les Etats-Unis avec l’aide de l’ONU/OTAN pour opérer des frappes militaires aériennes contre le régime de Tripoli, en faveur du conseil de transition installé à Benghazi et reconnu par la France et l’Italie. De même l’attitude dans la crise postélectorale ivoirienne a laissé entrevoir des atermoiements certains de la « communauté internationale » : à un souci affiché de non ingérence a succédé un soutien militaire de l’ONUCI et de l’opération Licorne en faveur de Alassane Ouattara contre Laurent Gbagbo renversé le 11 avril 2011. Le positionnement et l’attitude controversés de la « communauté internationale » face aux différentes crises sociopolitiques en Afrique reposent avec acuité le problème de la souveraineté politique des États, ainsi que celui de l’ingérence en vue d’une hypothétique « protection des civils ». Autant de faits qui, cumulés aux nouvelles mobilisations sociales ourdies grâce aux médias sociaux, donnent un caractère particulier aux trajectoires politiques contemporaines des États d’Afrique.
Au regard de la recrudescence de ces mobilisations civiles, pacifiques ou armées, contre des pouvoirs postcoloniaux ou quasi séculaires, il convient de questionner la dynamique et le devenir des situations politiques contemporaines en Afrique et au Moyen-Orient où les populations semblent être à la croisée des chemins, au moment où leurs timoniers doivent affronter l’usure du pouvoir. Partagée entre les prétentions hégémoniques des anciennes puissances coloniales, les ambitions monarchistes de nombre de chefs d’États, la multiplication des actions collectives protestataires l’Afrique et le Moyen-Orient semblent à l’aube d’une nouvelle ère où les peuples « jaillissent » pour refuser ce que J.-F. Bayart (2006) appelle « la politique du ventre ».
Cet ouvrage collectif soutenu par le COREDEC (Cameroun), le CRESA (Bénin) et le CRASC, (Oran, Algérie), donne l’opportunité aux doctorants mais aussi aux chercheurs plus avancés, de jeter un regard critique sur l’évolution des États et régimes africains et du Moyen-Orient à la lumière des mobilisations sociopolitiques contemporaines. Le but de l’ouvrage est d’apporter un éclairage composite mais cohérent en ce qui concerne les mobilisations, les résistances, les processus de défiance de l’ordre public en régime policier ou dictatorial ainsi que les manifestations à but contestataires. À cet effet, les contributions pourront entre autre aborder les thématiques suivantes:
- Les contestations électorales et postélectorales en Afrique
- L’hégémonie et la « monarchisation » du pouvoir politique en Afrique et le désamorçage des dissidences
- La révolution tunisienne et son impact sur la dynamique politique en Afrique et ailleurs.
- Le rôle de la « communauté internationale » dans les crises ivoirienne et libyenne et la gouvernance mondiale des politiques en Afrique et leurs effets sur les dynamiques protestataires
- Le rôle et la portée des nouveaux médias et autres « réseaux sociaux » (Facebook, Twitter, Viadeo, etc.) dans les mobilisations sociales et politiques actuelles
- La problématique de l’indépendance des États africains et la question de la « protection des civils », etc.
Cette liste étant non exhaustive, d’autres thématiques rejoignant le thème général de l’ouvrage seront les bienvenues. Les propositions de contribution doivent comprendre :
- le titre de la contribution
- le nom et l’affiliation institutionnelle de l’auteur
- un résumé de 500 mots maximum précisant le matériau empirique et les méthodes mobilisés ainsi que le (s) terrain(s) d’analyse.
Les propositions sont attendues avant le 10 juin 2011.
Les auteurs des propositions retenues seront informés au plus tard le 15 juin 2011 et devront soumettre leurs textes (8 à 10 pages) avant le 31 juillet 2011.
Les textes doivent respecter la typologie suivante : Police Times New Roman, Taille 12, interligne simple.
Les propositions tout comme les textes complets doivent être envoyés simultanément par e-mail à : Francis Fogue Kuate (farfogue@yahoo.fr), Elieth Eyebiyi (eelieth@yahoo.fr).
Pour toute information s’adresser aux personnes précédemment citées ou écrire à : coredec@gmail.com ou cresabenin@yahoo.fr
Comité d’organisation
- Francis Fogue Kuate, COREDEC, Univ. of Ngaoundere, Cameroon
- Elieth Eyebiyi, CRESA, Benin
- Belkacem Benzenine, CRASC, Oran, Algérie.
- Saï Sotima Tchantipo, Univ. de Mainz, Allemagne
- Dr. Sadia Chérif, Univ de Bouaké, Côte d’Ivoire
- Dr. Séverine Carrausse, Univ. Toulouse Le Mirail, France
- Prof. Grazia Scarfo’ Ghellab, EHTP Casablanca, Maroc
L'annonce est également disponible sur Calenda:
A découvrir aussi
- L’opposition au Cameroun: D’une réalité historique à un mythe contemporain
- Le SIT une fois de plus au Coredec
- Présoutenances de thèses de Master au Coredec